Exposition jusqu'au 02 avril 2016
Article des DNA par Serge Hartmann.
Peter Klasen, en toute séduction
Il articule depuis des décennies l’érotisme des corps à la
sensualité de la machine : pionnier de la Figuration narrative, présent dans
quelque 80 collections publiques dont le Centre Pompidou et le musée d’art
moderne de Strasbourg, Peter Klasen, 81 ans, crée l’événement dans la capitale
alsacienne.
Il est de cette génération d’artistes allemands qui s’est
forgée, après-guerre, dans le refus de l’abstraction et de l’École de Paris. «
Comme beaucoup d’autres, comme Georg Baselitz, Anselm Kieffer ou Gerhard Richter
! » dit il, dans un français parfait qui rappelle que la capitale française n’en
exerçait pas moins encore une forte fascination dans sa jeunesse. La preuve :
une fois achevées les études aux beaux-arts de Berlin, en 1959, Peter Klasen,
alors âgé de 24 ans, s’empresse de s’y installer. Un choix dont il lui serait
aujourd’hui difficile de se plaindre : douze ans plus tard, en 1971, le Musée
d’art moderne de la Ville de Paris lui consacra sa première rétrospective. Un
jalon parmi d’autres dans une multitude d’expositions à travers le monde et
d’acquisitions effectuées à tour de bras par de grandes collections publiques ou
privées – du MoMA de New York au Victoria and Albert Museum de Londres, en
passant par le musée d’art moderne de Vienne ou celui des beaux-arts de La
Havane…
Beauté de la machine, érotisme des corps.
C’est qu’entretemps, les années soixante étaient passées par
là, entraînant dans leur sillage cette célébration contestataire de l’image qui
secoua la scène artistique française. Peter Klasen s’inscrivit largement dans ce
courant hexagonal dont l’une des aspérités les plus visibles fut celle de la
Figuration narrative. À laquelle son nom est désormais indissociablement lié.
L’écouter aujourd’hui parler de la beauté des machines, « de leur sensualité, de
leur robustesse », mais aussi de l’érotisme des corps, – « et particulièrement
celui de la femme », lâche-t-il dans un éclat de rire –, permet de comprendre
combien son travail se nourrit d’un nécessaire rapport à la réalité. Une réalité
éclatée, fragmentée, emportée par un tourbillon d’impressions et d’images, de
signes, de panneaux, de cadrans, de visages. Un kaléidoscope où l’objet inanimé
et l’acte amoureux se télescopent, tout comme les techniques : peinture,
photographie, sérigraphie, collage…
« On travaille dans l’édition d’art avec Peter Klasen depuis
cinq ans. Il a fallu un lent travail d’approche pour enfin l’atteindre. Il est
hypersollicité. C’est une star », dit de lui Thierry Lacan. Le marchand et
éditeur d’art strasbourgeois est ravi ; il peut enfin lui consacrer durant un
mois une exposition d’originaux (27 pièces) dans sa galerie strasbourgeoise. La
société Parcus, qui gère les parkings de Strasbourg, accompagne l’événement en
installant une immense (12 m2 ) bâche sérigraphiée de l’artiste dans le proche
parking des Bateliers.
Les pièces sont assez récentes et témoignent toutes de
l’attachement de Peter Klasen au langage de la couleur tout comme au procédé du
trompe-l’œil. Poète de la beauté industrielle, observateur amusé et complice de
l’érotisme qui se déploie dans nos sociétés voyeuristes, l’artiste reconnaît
l’ambiguïté d’un travail à la séduction ô combien vénéneuse. « Je sais bien que
ces machines, ces objets en métal ou en plastique que je représente, véhiculent
aussi quelque chose de corrosif, qu’ils ont un impact négatif sur notre
environnement. Il y a un second degré dans la lecture de mes œuvres»,
souligne-t-il. Ajoutant : « Une de mes séries s’appelle Lost Landscapes
(Paysages perdus), justement en relation à cette beauté naturelle perdue ». Que
cet artiste, qui voue une passion aux rigueurs du Bauhaus (« Je suis fasciné par
Walter Gropius ! ») et à la géométrie ordonnée de Mondrian, s’exprime dans
l’exubérance d’un chaos formel peut également surprendre.
De cet enchevêtrement d’images fragmentées, Peter Klasen
explique qu’il est “construit”. Et surtout travaillé avec application. « Je suis
un obsessionnel de la perfection ! » Un obsessionnel qui ne s’enferme pas dans
le glorieux épisode de la Figuration narrative. Fils d’un collectionneur de
tableaux qui ont malheureusement disparu dans le bombardement de Lübeck, sa
ville natale, Peter Klasen a toujours baigné dans la culture de la peinture.
Dans une série, il rendait hommage à des artistes allant de Caspar David
Friedrich à Picasso en passant par Léger ou Mondrian. On le sait bien : en
peinture comme ailleurs, on vient toujours de quelque part. Jusqu’au 2 avril à
la Galerie L’Estampe, 31 quai des Bateliers, ainsi que chez Pyramide Design, 32
quai des Bateliers à Strasbourg. Bâche sérigraphiée au parking des Bateliers.
www.estampe.fr
Découvrez aussi les reportages de France 3 & Alsace 20 sur l'exposition "CITYLIGHTS" de Peter KLASEN dans notre Galerie.
Le reportage de FRANCE 3
Cliquez sur l'image pour voir la video
Le reportage de ALSACE 20
Cliquez sur l'image pour voir la video.
L'Estampe - galerie d'art & éditeur - 31 Quai des Bateliers - 67000 Strasbourg
Tel. 03 88 36 84 11 - Fax. 03 88250180 - info@estampe.fr - www.estampe.fr
Devenez ami avec L'Estampe sur facebook et suivez nos événements